Assassin
Note mon nom sur ta liste
Le futur que nous réserve-t-il ?
L'homicide volontaire
Touche d'espoir

Casey
Libérez la bête

Iris & Arm
Les courants forts

Kamasoundtracks
Soul'Sodium

La Caution
Les rues électriques
Asphalte Hurlante
Crash Test
Peine de maures
Arc-en-ciel pour daltoniens

L'Armée des 12
Cadavre exquis

La Rumeur
Le poison d'avril
Le franc-tireur
Le bavar et le paria
L'ombre sur la mesure
Regain de tension
Du coeur à l'outrage

Olympe Mountain
La montagne ça vous gagne

Oxmo Puccino
Opéra puccino
L'amour est mort
Le cactus de Sibérie
Le Lipopette Bar

Psykick Lyrikah
Derrière moi

Sept
Amnésie

Sept & Lartizan
Le jeu du pendu

Soklak
1977
Maow Airlines

L'ombre sur la mesure

1. Entrée
2. Les coulisses de l'angoisse
3. L'ombre sur la mesure
4. Je connais tes cauchemars
5. Le Predateur isolé
6. Interlude 1
7. Le coffre-fort ne suivra pas le corbillard
8. Les petites annonces du carnage
9. Premier matin de novembre
10. Ecoute le sang parler
11. 365 cicatrices
12. Le cuir usé d'une valise
13. Interlude 2
14. Moha
15. A 20 000 lieues de la mer
16. Le silence de ma rue
17. On frappera
18. A les écouter tous
19. Sortie

 

Les coulisses de l'angoisse
(Ekoué - Hamé - Mourad - Philippe / Kool M - Soul G)

Tu veux savoir vraiment à quoi je ressemble ?
Au commun des banlieusards.
Je connais ces murs par cœur, man, qui ont broyé notre enfance.
Un peu de fierté, tout de même, sur des figures de salauds ;
Chasse le naturel et il revient au galop.
Trop de galères, cousin, pour rien de glorieux
Si ce n'est la une des sous-sol, des quelques fanzines sérieux,
Des quelques tribunes au vitriol.
Ne me demande pas de choisir entre la poudre et le plomb,
Je suis ce feu qui se déclare dans un champ de coton.

A ma fenêtre, le givre d'un jour d'hiver trop gris
A ouvert un de mes livres au chapitre des incendies.
Comme à l'accoutumée, comme un besoin trop mal sevré,
J'y recherche des balles, quelques flèches létales,
Et un peu de baume au cœur pour la cuirasse d'un franc-tireur.
Un arsenal artisanal qui choisit ses mots
Comme on commet un homicide
Et parfume ses phrases de quelques gouttes d'acide.
Notre époque, encore, est celle des arbres morts,
A quelques pas à peine des plus belles fontaines.
Et si tu n'es pas né où il fallait, il va falloir,
Comme dirait le vieillard,
Apprendre à voir clair dans le noir.

Refrain :
Des coulisses aux planches,
Des jours sombres aux nuits de revanche,
Quelques rumeurs larvées comme des braises qui
Menacent de s'enflammer après l'extinction d'un incendie.

Quand j'arpente ces couloirs, que l'angoisse me prend à la gorge,
Des millions de bactéries aux lèvres, faut que ça sorte !
A la porte des coulisses de cette pièce bondée,
Les joyeux drilles gesticulent avec le sourire carnassier.
Alors que leurs conspirations s'ébruitent par des trous de serrures,
A la lueur d'une chandelle de sang striée de noir,
Leurs sombres réunions se dévoilent une forfaiture,
On y trouve des lames fines et tout un tas d'accessoires.

Sur un son qui te surine, pendant que tes potes t'urinent dessus,
Quand t'es accroc, quand l'insuline te suffit plus,
Pendant que tu vérifies si t'as piqué la bonne veine,
Mon son s'affirme avec la haine dans ses gênes.
Et ça monte doucement d'un cran,
Avant que tu partes les pieds devant,
Attend que les petits deviennent grands.
Et tout ce boucan, quand les chacals sont de sortie,
Arrête ton char si t'as le choix après les ronces et les orties.
Depuis qu'ils ont sauté les planques,
Combien de camés en manque prêts à te caner ?
Quand les ventes d'armes augmentent
Et qu'ils veulent que nos cadavres pourrissent,
Y'a nos affaires qui tournent en coulisses.


L'ombre sur la mesure
(Ekoué - Hamé / Kool M - Soul G)

Je suis l'ombre sur la mesure,
Le violent poison à l'écart de tout soupçons.
Dans ce sombre récit, dont personne se méfiera,
Il s'agira de sang sur les murs au crépuscule d'une bavure,
Je murmurais la haine enclavée dans les ZUP en région parisienne.
L'amour comme rempart à la dérive,
Au registre de ces âmes charitables, plutôt naïves,
Se perd, donne à ma palabre son caractère.
Sourire kabyle dans les artères de ma ville,
Voilà à quoi l'instinct de malfaiteurs, ma foi, se familiarisera.
Aux effusions sanguines d'une trop commune routine.
La rue se massacre sous le ciel des damnés ;
N'importe quel trou du cul aujourd'hui est armé.
Hier encore, l'ombre d'un regard de travers sur le pavé
Se dissipait dans un silence de mort.
Le crime, désormais, a la parole trop facile,
Crois-moi, pour qu'on en rigole de joie
Sous ces lampadaires qui éclairent la misère. Et si j'exagère,
L'obscurité la plus dense n'est jamais loin de la lumière la plus vive,
Nourrit ses rumeurs de peur et de paranoïa à des heures tardives,
Sous le tranchant de la lame d'un cran d'arrêt, à vos risques et périls,
Derrière les guirlandes d'acier d'une maison d'arrêt ou sur un disque vinyle.

Refrain :
Considère moi comme une bombe
Dont tu as allumé la mèche,
Et qui égrène les secondes
D'une saison blanche et sèche.

Je suis l'ombre sur la mesure, à la pointe d'une écriture,
L'ombre de ces murs aux milles blessures que des bouches murmurent,
Entre deux rondes furibondes du bleu criard ou blafard d'un gyrophare.
Je tisse ma toile noire sur des cœurs hagards,
Et je traîne mes guêtres sous les fenêtres de ces ruelles qui ont le lèpre,
Au carrefour de la cour des miracles en débâcles,
Sous les arcades malades où crissent
Les voix croisées de la faim et du vice.
Je suis l'ombre cerclée de grilles rouillées,
Verrouillées sur une aire où rien ne brille,
Où les corps se compriment, où le vue décline
Et où les brigadiers fulminent.
Regarde ces silhouettes grises dont les rêves gisent
Sur le pavé couvert de pisse,
Elles poussent toutes la même porte
En crachant sur le trottoir de leurs illusions mortes.
Nous n'avons à perdre que nos pensées ternes,
Te diront-elles avec le feu dans les yeux de ceux
Qui sont prêts à tenter la diable pourvu qu'il garnisse leurs tables,
Et conjure la misère, le fer et la pierre qui les enserrent.
Je suis l'ombre sur la mesure
Et je sature dans les graves
De cette basse qui monte d'une cave,
Parmi la crasse et l'éther,
D'une trop vieille poudrière.

Refrain

Je connais tes cauchemars
(Hamé - Philippe / Kool M - Soul G)

Je connais tes cauchemars au plus sombre du soir,
Quand ils rampent droit sous le voile froid de tes draps de soie.
Sans préavis, dès que la nuit leur a souri,
Y'a des griffes noires qui se marrent au bord de ton plumard.
Elles aiguisent leurs dents grises sur ta nuque, ta chère blanche perruque
Et l'odeur de la loi qui colle à tes robes de magistrat.
Là-bas, une lourde porte grince et s'ouvre.
Derrière un voile de soufre, des visages se pressent,
S'agglutinent et t'encercles, des visages convexes, balafrés et muets.
Une épine à l'échine, tu te sens blêmir, frémir, tu voudrais fuir, courir.
Mais tes chevilles ont des chaînes et tu trébuches puis te traînes,
En couinant comme un goret perdu en pleine forêt.
Et tu as à peine le cul au sol qu'une main sale
T'attrapes au col et te plaques les deux épaules
Sur un de ces bancs usés d'accusés.
Te voilà sur la dalle d'un tribunal peu banal.
Tu reconnais tous les jurés, tu peux les revoir en ta mémoire,
Tous ces voleurs de poules ou de pommes
Fondre en larmes sous la lame de tes jugements prononcés.
Et aujourd'hui, c'est jour de fête, c'est à ton tour de comparaître,
Tu cries pardon, tu cries à l'aide mais rien n'y fait.
Sur un tableau noir d'écolier, à la craie,
On te dessine une petite guillotine.

Refrain :
Je connais tes cauchemars,
Au plus sombre d'un soir.
A l'envers de l'histoire,
Je connais tes cauchemars.

Ce soir, la nuit est sombre et tout le monde
S'est décidé pour te travailler la couenne pendant des plombes et des plombes.
C'est quand tu sombres dans les bras de Morphée
Que tu te prépares à morfler,
Car les porcs dans ton genre tu vas savoir ce qu'on leur fait.
Je connais ce cauchemar qui revient chaque nuit et,
Quand il rentre par effraction dans ton sommeil, je suis toujours avec lui,
Et tu coures encore comme si, au lever du soleil, t'allais échapper à la mort.
En attendant, tu traînes ton surplus de graisse avec lenteur,
Putain, tu stresses et tu suintes le pastis et la puanteur.
Aux alentours, personne pour entendre ta douleur,
Pour tes appels qui résonnent.
Et on te fait pire que ce que tu faisais pendant les gardes à vue,
Comme celui que tu as tabassé pour des jantes en alu.
D'ici, tous ceux à qui tu as passé les fers donnent pas cher de ta chaire
Et vont faire de ta nuit un enfer.
Je te l'ai promis, frère, au menu c'est du commissaire
Et, de l'entrée au dessert, c'est du Schmidt qu'on nous sert.
Et comme bouc émissaire, on pouvait pas trouver mieux,
Tu peux crier, prier, appeler n'importe quel dieu.
Sorcellerie, magie noire et vaudou,
Et on fait bouillir la marmite et on danse autour sur une rythmique tribale.
Ce soir j'ai l'âme du cannibale et la rage de l'animal qui vise les parties vitales.
Comment se porte le commissaire avec les organes à l'air
Quand on traîne ta carcasse jusqu'au prochain cimetière ?
Et toutes les sales races assistent à tes gémissements,
Pendant que tu graves ton blase sur ta pierre avec ton sang.

Refrain

Le prédateur isolé
(Ekoué / Kool M - Soul G)

Je suis un prédateur isolé,
J'aurais prévenu le gros gibier de ne pas trop traîner le soir,
En répandant le sang des victimes sur mon territoire.
L'agresseur est de retour,
Il est de la survie de ces grandes baltringues
De battre en retraite et de courir se cacher en vitesse,
Sales vendus que vous êtes pour la plupart.
Je m'adresse à qui se sentira visé,
Dévisagé par ce regard noirci qui laisse deviner tant de stress.
Bien loin des strasses, si mes paroles nègrifiées sont condamnées à la crasse ;
Alors, les cauchemars pleuvront comme des pierres,
Les rumeurs baiseront des carrières sans pitié,
Des enculés qu'elles considèrent de l'autre côté de la barrière.
Quelques années d'absence à réfléchir dans mon coin,
Cogiter ce premier album dans des conditions de chien,
Je n'en ressors que amer, encore plus aigri
Que la main d'œuvre ouvrière dans les salons de l'aristocratie.
J'injecte du sens là où on ne trouve que du sample,
Jette de l'encre noire épaisse sur les traces, par exemple,
De précurseurs fourvoyés revenus se refaire les dents
Avec ce genre d'arguments qui sentent l'amour et le printemps.
La Rumeur, groupe censuré, ce n'est pas une surprise !
Si ça peut rassurer les gros pédés qui ne rappent plus que pour le show biz,
C'est sans équivoque, à notre époque, c'est grave.
Je lirai leur testament en leur montrant leur cadavre déchiqueté au rasoir.
Les réfractaires à mes rimes pourront aller se rasseoir sur d'incandescentes braises,
Avec ce bel hommage rendu à la chanson française.
Et un de plus, soit tu suces des bites, soit tu retiens le mérite,
C'est tout ; danse avec les merdes ou avec les loups car,
Chez nous, les girouettes ne font pas long feu,
On les décapite et on leur parle ensuite.

Refrain :
Prendre l'ombre pour sa proie,
Je suis un prédateur isolé, ne l'oubliez pas,
A m'entendre dégueuler à haute voix sur les mêmes
Qui s'engraissent sur notre dos sans aucun problème.

Les prétendants à mon titre et quelques pitres hallucinent encore
Ou font mine d'être des carnivores.
J'en ai bouffé du macadam comme un porc,
Traîné ma carcasse, sur la dalle du parvis de Paname
Jusqu'en banlieue nord. Indésiré dans ces zones dites protégées,
Où l'odeur du fric ne masque pas l'haleine fétide d'un vieux flic dépouillé
Prêt à me descendre. Et j'ai appris à me défendre comme un grand,
Rendre ces coups de bâton infligés à nos parents,
Car dans la forêt de béton la végétation est dense.
Chez nous, on capture vivant et on crève les balances où qu'elles soient,
Dans le peura ou dans les commissariats.
Intègre parce que intégriste, intermittent de l'asphalte, égorgeur de parasites.
Ce paradis sur Terre que je déblatère,
Avec un large sourire aux lèvres n'existe même pas en rêve,
Mais en réponse aux répugnantes idées reçues
Qui nous jètent dans les ronces, comme par hasard.
Mêle-toi de ton cul bonhomme,
C'est pas ton histoire que la France traîne dans la merde,
Jusqu'à ce que dans les deux sens la décadence nous perde.
Moi, je veux de l'argent et un micro,
Et être la bête noire de ces gens qui s'en ramassent trop.
Entre chiens de la même race, entendons-nous bien,
Je rentre chez eux et je me sers,
Et retourne toute la baraque dès que je trouve plus rien dans le frigidaire.
Alors combien de fois encore va-t-il falloir que je vous le répète,
Quand il s'agit d'être con, je suis une forte tête,
Suis cet instinct de survie qui me pousse à réagir comme une bête,
Assoiffé de ce son, servant à la reproduction
D'une espèce rare en voie d'extinction.

Refrain


Le coffre-fort ne suivra pas le corbillard
(Ekoué - Philippe / Kool M - Soul G)

Refrain :
Le coffre fort ne suivra pas le corbillard,
Même avec de grosses couilles en or à la fin de ce putain de scénar.
A en croire ces quelques brèves de comptoir
Qui rêvent de nous voir crever sous les ponts
Ou à l'angle d'un de ces vieux trottoirs
Où l'information au noir a rendu tristement célèbre notre organisation.

Ma voix traîne dans des affaires louches,
Et si la plus vieille machine à désinformer du monde
Sortait de ma grande bouche,
J'aurais des milliards en banque,
D'encombrantes fiches sur ces hommes de pouvoir
Dissimulées dans une bonne planque.
Les juges sauront que je gruge comme eux,
Avec un âne bâté de baveux, histoire de soudoyer la partie civile
Au nez et à la barbe de ce sénile procureur,
Lequel implore mon pardon devant ces familles en pleurs.
Putain, le verdict est sans appel, aucune preuve,
J'investirai avec la thune de ce procès dans des voitures neuves.
A la terrasse de chez Edgar,
C'est amusant de voir comment les cols blancs baissent du regard.
Albert, dépêche toi, comme d'hab,
Sers-moi deux verres de la pisse d'âne
Que tu sers à tous ces crevards qui sont à ton rab.
"Nous vivons une époque où la fringale du pouvoir défie la fin et la soif"
Titre le quotidien de la veille, que je décortique
Sous l'œil éclairé de mon acolyte,
D'après ses sombres conseils.
Bref, la fausse mornifle ne rapporte plus,
De toutes façons, qui l'eût cru ?
Quelques banquiers onéreux aujourd'hui en cabane,
Loin des parterres fleuris et généreux du boulevard Haussmann.
En toute modestie, je fus cette ombre de la rue que chantait Edith Piaf,
J'en suis revenu étrangement les mains pleines de balafres,
En souvenir de ces années folles,
A trop gratter le plancher avant de ramasser le pactole.
D'une activité clandestine,
Nos rumeurs et spéculations nous ont conduit à la tête
D'une formidable mine d'informations occultes et malhonnêtes.

Refrain

Classez-nous dans la pègre,
Chez les gros revendeurs de salade sans vinaigre,
Là où les ex-maigres ont pris du poids.
Tu vois, petit, comment nos pages décaties les ont fait plonger,
Et qu'il ne leur reste même pas un os à ronger.
Mâte ces politiques sortis de taule rire jaune à mon passage
Et, dans la pire faune, c'était la seule espèce à foutre en cage.
Les rois du braconnage refourguent toujours,
Seuls les vrais sont restés pour rassasier cette dalle de vautour.
Et comme y'avait pas grand chose dans la timbale,
J'en ai vu tuer pour 25 balles.
Et puis après, c'étaient les perdreaux qui rappliquaient
Et, sur un air de cymbale,
Ils te sifflaient la Marseillaise en décortiquant ton sobriquet.
Ceux qui ont se projeter plus loin que demain dans l'avenir
T'avertissent du danger sur les coups à venir
Et te disent qu'y a pas pire que ce qu'ils détiennent dans leurs stocks.
Aucun rapport avec le toc refourgué par Dédé "les doigts de fée",
Ex-contrebandier d'alcool et de clopes,
Ce con, toujours à changer de piaule de peur qu'on le chope.
Et puis, ils comprennent pas comment on les tient par le collet,
Politicard, poulet, j'ai toutes les armes que tu voulais.

Refrain


Les petites annonces du carnage
(Mourad - Hamé / Kool M - Soul G)

A vendre, mine d'or dans le désert,
2000 têtes pour 2000 tonnes à extraire,
Frais d'exploitation dérisoires,
Par employé, 10 grammes de pain + eau croupie à boire.

A vendre, sans plus attendre,
Parcelles de chair, tous types d'organes et de viscères,
Foies, cœurs, globes oculaires,
Tout volume et tout âge,
Etiquetage mexicain, provenance colombienne,
Contacter en semaine,
9h-20h, père et fils, grande boucherie humaine.

A vendre, viande folle pour institut psychiatrique,
Stock important, D.M.C périmé,
Bonus : cervelle de veau malade,
Faire vite, déstockage rapide,
Appeler si intéressé.

Propose virus gangrenant fœtus,
Très actif dans l'eau de source +
Cancer très rare,
Mélanine peau noire uniquement,
Testé cliniquement,
Breveté et déposé.

Cède pour presque rien
Bâtiment délabrés, clim. Naturelle,
Termites et cafards pour voisins,
Clandestins sans papiers,
4000 francs la parcelle.

Promotion de printemps, -20%
Sur nouveau réseau cabarets thaïlandais,
Privés et discrets, grand choix d'autochtones,
Jeunes vierges et veilles cochonnes,
7 jours / 7 nuits, hôtel-repas compris,
Départ Genève, Bruxelles ou Paris.
Parrainez un ami et gagnez le bonus fidélité.

Refrain
Feuillette une par une, feuillette les pages,
Feuillette une par une les petites annonces du carnage.

Urgent,
Recherche troupeau de sans-papiers
Parlant peu français, sous arrêt d'expulsion,
Taillable et jetable, jetable et taillable
Pour chantier, grand stade en construction.

A vendre, petit nécessaire de torture,
Fait ses preuves dans interrogatoires musclés,
Vendu + patère pour chaînes au mur,
Bonne affaire, notice, contrôle technique OK.

A vendre, usine dégrossie, Istanbul-Turquie,
Montage atelier électroménager + 1200 bras,
Rapport salaire français, 1 sur 23.

A vendre, stock bébés pour parents stériles,
Provenance Tiers-Monde, volés à famille en exil,
Certificat médical, choix conséquent,
Garanti deux ans, aucune facilité de paiement.

Société off-shore, Luxembourg-nord
Propose gestion tout confort,
Transfert, blanchiment argent sale,
Parfait et idéal pour campagne électorale.

A vendre, uranium appauvri,
Prêt pour traitement,
Fourni avec plan bombe A,
Montant à débattre, premier prix 100 millions,
Remise 10% sur équipement de fonction.

Refrain

Premier matin de novembre
(Hamé / Didiche)

A bout de bras vous avez déterré les braises
Et, au creux de vos mains, traversé de longs sillages.
Les semences du feu ont accouché l'antithèse
De 130 obscures années d'esclavage.
Du haut des massifs jusqu'aux plaines pillées,
Des cités suppliciées aux villages craquelés,
Voilà l'histoire prise au cou par vos visages couleur d'ambre
Quand enfin retentit ce premier matin de novembre.

Vous avez arpenté la bouche ouverte d'une guerre
Comme les fils de la terre et du fer.
Vous n'y avez pas seulement jeté la mitraille et l'acier,
Mais chaque pulsation de vos cœurs écartelés.
Des grenades dans le ventre sous des jours couleurs de boue,
Vous avanciez, étreignant le maquis pour expulser le crime,
Vous avanciez, agrippés à chaque arbre des racines à la cime.
Sur vos têtes grondait un ciel de napalm, de parachutes et d'obus,
Votre sang en crue hurlait, vos entrailles ouvertes brûlaient.
Dans ce trop plein d'électrodes et de chiens,
L'Algérie c'était vous quand l'Afrique répond aux coups,
Quand le "fellah" se voit debout.
Quand furieux, inaltérables et tendres,
Vos rêves inondaient ce premier matin de novembre.

Plus d'un million d'âmes laminées par les flammes
Subjuguent le silence et parlent d'une seule voix.
N'oubliez pas ces morts sans sépulture, sans gerbe ni dorure,
Ces morts aux yeux ouverts dans les chambres de torture.
Faut-il que leur gloire soit insultée,
Faut-il qu'elle soit dilapidée par de mauvais bergers
Qui ont accordé leur violon au diapason du colon,
Et partagent avec lui la même peur au ventre,
Que partout, refleurissent des premiers matins de novembre.

Ecoute le sang parler
(Ekoué / Kool M - Soul G)

Ecoute le sang parler, écoute le sang parler, écoute le sang…

On nous a confisqué nos vies,
Paroles d'un père de famille instruit,
Loin, très loin de ces comptes rendus accablants.
Un regard noir suffit,
Jeté du coin de l'œil, crevé d'orgueil et de mépris
Pour éveiller ces instants enfouis.
Avec le prima du verbe sur leurs écrits,
Intoxiqués de références, falsifiés jusqu'à la moelle des os,
Aussi inepte que sans honte, me dit mon père,
A relater des affres sans colmater ces balafres et cicatrices de guerre
Laissées par des années de torture,
Entre les rouages d'une machine à broyer nos traditions et cultures.
Parle-moi de ces milliers d'hommes sacrifiés au pays !
Parle-moi de ceux qui, à l'heure où j'écris,
Creusent de leurs mains
Des fosses communes, une par une,
Pour accueillir leur destin !
Parle-moi de ces réclamations ouvrières noyées dans le sang !
Puis de ces consensus de bons sentiments humanitaires de ces blancs,
Donneurs de tapes dans le dos, amateurs d'exotisme,
L'exemple d'une vertu chrétienne suppôt du colonialisme.
Dans ces longs silences d'après témoignages dignes d'une éloge funèbre,
Mon père, avec cette lucidité d'un grand révolutionnaire,
Me fait comprendre que la peur n'est qu'une mauvaise conseillère,
Et le doute l'entreprise du bourreau,
Pendant que l'Afrique compte ses morts, ses mythes et ses corbeaux.

Ecoute le sang parler, écoute le sang parler, écoute le sang…

On partait à l'école nus pieds chercher le savoir,
Chemise et short immaculés, impeccablement repassés,
Jusque tard le soir, après des kilomètres de champs entourés de mystère,
Des chemins jonchés de pierres, en pleine nuit noire, se souvient mon père.
Aujourd'hui, ce ne sont que des restes, des dettes,
Des chapes de pneus consumées sur la terre battue,
Quelques douilles éparpillées sur le sol,
Des vieux barils perdus et autres stigmates d'affrontements récents
Entre ces jeunes émeutiers qui rêvent de liberté
Et ces patrouilles discrètes qui perpétuent
L'horreur de 34 années sanglantes d'une dictature de fer,
Dans ces rues devenues mornes comme des cimetières.
Où sont ces hommes dont les récits
Nous interrogent sur ce que nous sommes ?
Avec cette nostalgie des poètes de la négritude,
Ces chants qui ont bercés notre enfance,
Ces griots narrateurs des blessures de nos ancêtres
Portent-ils toujours nos inquiétudes ?
Loin des clichés indécents qui n'ont rien d'autre à dire,
Que cette misère noire ne nous enlève pas le sourire !
Enfant du pays, le drame de toute une époque que tu traverses
Ne t'a pas épargné, n'est-ce pas ?
Le poison de la désinformation a eu raison des vérités de l'histoire
Qui t'accompagneront, au grand péril de ton exil, paraît-il,
Vers une France si généreuse et porteuse de progrès,
Où s'enracine le mépris dans chaque pas que tu fais.
En quelques mots, si le fatalisme et l'isolement prédomine ici,
La haine trouvera son écho,
Et l'Afrique compte ses morts, ses mythes et ses corbeaux.

Ecoute le sang parler, écoute le sang parler, écoute le sang…

365 cicatrices
(Philippe / Kool M - Soul G)

J'ai 365 cicatrices, et sur ma peau,
Ma couleur a connu tous les hommes
Qui lui ont dit qu'elle était dévastatrice
Et qu'elle reste l'opposé du beau,
Complice du vice sous toutes ses formes.
C'était écrit comme ces stupides règles,
Et c'est con comme ces nègres cupides
Qui ont vendus les leurs,
Dans les pleurs et les cris, étouffés par l'être espiègle
Comme si l'espèce bipède écoutait son cœur.
J'ai pleuré, rarement ri, comme à cette connerie d'abolition
Et à leurs 150 ans ; ils peuvent se le foutre dans le fion.
Ils étaient fiers, enrôlés tirailleurs, et en fin de guerre
Tu as su comment leur dire d'aller se faire voir ailleurs.
Et qui on appelle pour les excréments ?
Des travailleurs déracinés laissant femmes et enfants.
Et ces traditions qu'ils sauvegardent, en y repensant,
J'ai de la peine pour ces noirs teints en blond pour faire blanc.
S'ils savaient que pour être libre fallait courir,
Ne pas se faire couper les jambes par celui qui veut tout asservir.
Y'a des chaînes qui nous maintiennent au bas de l'échelle,
Et pour que ça change faudrait attendre que la banquise dégèle.
Regarde l'Afrique et les Antilles, l'Inde et les autres îles,
Regarde les traces de l'homme blanc qui traumatise nos esprits,
Non pas à vie mais pour des générations ;
J'ai mon avis sur les suites des colonisations.
Critique sur la façon dont on m'oblige à penser,
Mais qu'est-ce t'en sais ?
J'ai pas eu le choix de vivre comme un français.
Un franc C.F.A. bas, une monnaie forte qu'on exporte en Outre-Mer,
Et dans les deux cas c'est comme droguer nos terres.
Ils ont enchaînés nos pères
Pour qu'ils les regarde violer nos mères,
Et merde si aujourd'hui on en subit les séquelles.
Mais qu'est-ce que quelques années, environ 400 ?
Et si la fin colle au début, ça finira dans un bain de sang.


Le cuir usé d'une valise
(Mourad - Hamé - Philippe - Ekoué / Kool M - Soul G)

Je suis allé faire parler le cuir usé d'une valise
Sous un drap de couleur fade contrastant ses souvenirs.
Dar Baïda, un embarcadère ensoleillé au départ,
Une arrivée sur un ponton terne et un visage hilare,
Celui d'un contremaître, de l'encre, un tampon à la main,
Frappant le flanc de cette valise retenant la douleur.
Ces visages s'engouffrant dans un train,
Direction l'usine de camions pour un bien dur labeur.
Les sirènes n'ont pas de voix mélodieuse,
Leurs appels stridents aux forçats cinglent leurs espoirs telles des moqueuses.
Ces vestiges de période dure qu'elle garde en elle,
Ses séquelles marquent son cuir et le morcellent.

Je suis allé faire parler le cuir usé d'une valise
Entreposée sous la poussière terre d'une vieille remise.
Des gerçures crues l'ont balafrée de part en part,
Une étiquette fanée rappelle son premier départ,
Et janvier 53 l'a tatoué d'un plein cap sur le froid.
Au fond de ce bagage pas d'invitation au voyage
Mais la plaine de Ghilizane qui pleure un fils
Parti gagner le droit de ne plus errer affamé.
Au fond de ce bagage, la coupure tâchée d'un journal où s'étale
Le résumé du procès des agitateurs d'une usine embrasée.
C'est une valise dans un coin,
Qui hurle au destin qu'elle n'est pas venue en vain.

Refrain :
C'est une valise dans un coin,
Qui hurle au destin qu'elle n'est pas venue en vain.

Je suis allé faire parler le cuir usé d'une valise,
Autrefois pleine d'espoir, maintenant pleine de poussière.
Si tu savais son histoire, partie de la Soufrière,
Emportant quelques vêtements chauds pour cette terre de convoitise.
La haine et la neige comme découverte,
Et les visages se glacent face au spécimen d'Outre-Mer.
En cette pleine période d'exode qui accompagne l'exil,
Commence un triste épisode lorsqu'il débarque des îles,
Pour finir empilée sur l'armoire du foyer,
Témoin du gain dur à envoyer.
Souvenirs ternes d'une employée fidèle
Toujours à la traîne derrière cette employée modèle.

Je suis allé faire parlé le cuir usé d'une valise
De près d'un quart de siècle mon aîné,
Dire qu'en 62, les ruines encore traumatisées
De Lomé jusqu'au port de Goré,
Elles témoignent de ces rêves en rupture de sève.
A la levée des passerelles, sous une averse de grêle,
Le mistral du Grand Nord traverse, sans jamais trahir,
Le vieil héritage colonial dominé par des siècles,
Reliant le Havre et ses environs
Depuis la sinistre cale d'un navire d'embarcation.
Quand même les rats et les cafards cohabitent en paix,
Avec les symboles vulgaires de la France d'après guerre,
Il se pourrait que cette valise, confinée dans un coin,
Hurle au destin qu'elle n'est pas venue en vain.

Refrain


Moha
( Hamé / Kool M - Soul G)

Il se fait tard, très tard, bientôt le soleil
Et Moha n'a pas sommeil.
Il veille les yeux vides sur le carreau aride
Au mur de sa minuscule cellule.
Une cigarette mal roulée se consume et tremble
Aux bouts de ses doigts exsangues
Qui semblent mourir le long de sa jambe.
Moha ne bronche pas, les mots sont froids,
Leur écho se cogne aux parois de cette cage
Qu'il partage avec un rayon de lune voilée
Et quelques rats pressés, aux pas vifs et feutrés.
Par terre, un miroir s'est éparpillé
En mille fragments de verre parmi deux, trois bibelots,
Des vêtements, une radio,
Et des livres coincés sous un meuble renversé.
Une sale odeur aux relents d'urine et d'excréments flâne
Et se pavane depuis que les chiottes sont tombées en panne.
La tête dans une volute de fumée diaphane,
Moha accroupi aux pieds du lit
Serre dans sa main une photo jaunie,
Une vieille photo où un grand homme droit
A mis sa plus belle chéchia,
Un grand homme droit que tout le monde fête
A son retour de La Mecque.
Mais un grand homme droit qui vient de partir
Dans un ultime soupir.

Un peu de sel sur une plaie ouverte…

Durant la promenade, à l'écart des camarades
De misère habituels, et selon le rituel,
Moha tourne et tourne, puis s'enroule en boule,
Dans des mots qu'il traîne, chuchotés à lui-même.
Des mots qui malmènent, qui se referment et qui drainent
De lourdes larmes blanches, très vite essuyées d'un revers de manche.
Il avait tant à lui dire, tant de choses à finir,
Rattraper le pire, voir s'esquisser un sourire sur son visage
Où l'âge avait creusé les entailles
D'une trop longue bataille sur des sentiers de ferraille.
Et Moha s'injurie, et Moha se maudit
En tirant la courte corde de sa chienne de vie,
Sans grandes œuvres, ponctuée de basses manœuvres.
Comme un mauvais fleuve, à la sortie de l'échec,
Qu'on lui a vite appris à conjuguer du bec,
Sur des pupitres en bois sec.
Les blocs de Nanterre ont des mâchoires de fer
Et le cachot tire la chasse en effaçant les traces.
Un coup de sifflet ramène tout le monde à l'entrée
Et on se presse encore, sans la force d'un effort,
A l'exacte verticale des miradors.

Un peu de sel sur une plaie ouverte…

Il se fait tard, très tard, bientôt le soleil,
Moha dort d'un lourd sommeil.
Au matin, il se rendra à l'atelier souder des pièces d'acier,
De quoi payer le miel de sa gamelle.
Et puis, si la fatigue se tait,
Il relira cette lettre froissée, q'il n'a pas pu envoyer,
Et qui semble saigner sous les toits d'ardoise du pénitencier.


A 20 000 lieues de la mer
( Ekoué - Mourad / Kool M - Soul G)

Fin des années 80,
Combien de billets de train aller-retour
Saint-Quentin / La Verrière / Elancourt
J'ai dû raquer,
A en craquer les vieilles poches de mon survêt Challenger vert foncé,
Pour un concert, une galère avant la levée du jour ?
Au passage, autant de voyages sans titre comme sur mes premiers raps,
Mais tellement d'insultes gratuites sur ces contrôleurs
Qui investissent le dernier wagon à la gare de Trappes.
Ma ville c'est un peu comme Tchernobyl,
Même les chats dehors se font chier à mort.
Aujourd'hui, visiblement rien ne change,
Si ce n'est que l'ennui augmente comme le prix de la Carte Orange.
Le cafard m'empoigne à en parler au passé,
Ce serait de cracher à la figure et me considérer soigner cousin.
Heureux d'être parisien, même si ça craint sans que ça crame.
Faut-il qu'un frère se fasse tuer
Pour s'éprendre d'un moment de solidarité ?
Je n'ai pas grandi dans les gravats, bien au contraire,
Mais dans une charmante banlieue plutôt prisée pour ses grands espaces verts.
Mais ça, c'était hier, au cœur des entassements de pierre,
L'hiver toujours sans partenaires,
L'été le trousseau de clés autour du cou,
Les restrictions de ma grande sœur
Avant le couvre-feu de 22 heures.
Si j'ai le deuil de mon enfance,
Au seuil d'une tendre adolescence,
Avec une feuille et des idées noires comme exutoire,
Non pas que j'ai du mal à y croire, bordel,
Mais cette putain de "ville nouvelle" s'est cru immortelle.
A chacun ses raisons d'enterrer de grandes illusions trop vite,
Derrière ces plans de ravalement de constructions hypocrites.
D'hypothétiques changements d'air nous fixent leurs propres limites.
S'extirper du piège feutré des habitudes
Qu'après d'importantes années d'études
Réagiront des trentenaires un peu réactionnaires,
Dès qu'elles se heurtent au répondant sans faille
Des éventuels resquilleurs qui veulent d'abord de la maille
Avant de trouver du travail.
Le ciel commence à se couvrir,
A l'instar d'une marée furieuse,
Dès que les subventions se retirent
La rue devient marécageuse
Et la répression aussi cruelle que la récession.
L'actuel maire d'…'est qu'une sale pédale
Qui ne peut se déplacer sans sa police municipale.
Sur ces plages de gravier,
A la lisière de ces ex-quartiers vivants et populaires,
A 20 000 lieues de la mer.

Loin des vérités toutes faites sur des tertres trop gros,
Des graines de fleurs jetées sur des hectares de pipeau,
De super massifs de chiendents mis en valeur,
Un visage sombre d'une mégalopole miniature - une erreur -
Une nécropole pour des crimes indécents
Mais aussi pour des espoirs et des joies de faire blanc.
Le pire n'existe que si le meilleur recule,
Des antagonismes qui se confondent et s'articulent.
Loin des polars noirs, des contes noirs qui tapissent les rêves,
Une ville paisible qui suinte le mièvre,
Un portrait éhonté, une caricature dans les gazettes du quartier,
"Vivre bien" qu'ils disent avec un sourire large et niais.
Loin, trop loin de toutes mes fausses attentes,
Les terrains en friche ont bien changé, ont-ils adoucis les pentes ?
De quoi cacher des regrets simples,
De petits malheurs comme autant de bleues de travail sur un cintre.
De la chaleur des terres arides au froid d'une cité,
Une ville où le voisin t'épie à travers les volets,
Loin des embruns, de mes plages, de ma terre,
De ma ville blanche, loin, à 20 000 lieues de la mer.

De 79 à 2002,
23 années de convivialité qui s'écroulent à nos pieds,
De bien-être sous le joug de l'ironie,
D'une certaine tranquillité d'esprit que j'oublie ou plutôt que je renie,
Depuis que le spectre du chômage
Justifie une volonté délibérée de flicage,
C'est la mer à boire dans cette putain de ville-dortoir ;
Mais bon, on survit
En hommage à ces disparitions soudaines
Qui nous traumatiserons à vie.


Le silence de ma rue
(Philippe / Kool M - Soul G)

J'ai du sang dans mes larmes et j'arrête pas de chialer,
Faut que j'évacue comme une diarrhée.
Je sais pas si tu comprends que je me soulage, fou de rage,
J'ai des pages et des pages pleines d'insultes,
Lâche la bête et elle te fait un carnage.
Réservé aux adultes,
Je suis un moteur poussé à la rupture,
Avec tellement de chevaux sous le capot pour pas qu'on me capture,
Pur produit de ta banlieue,
Là où au carrefour de la vie j'aurais grillé les feux.
Et "au feu les pompiers" quand les véhicules brûlent,
Aux pieds des bâtiments, que des "virgules" autour de pit-bulls.
Circule si t'as rien à foutre dans le coin,
Soit t'achètes, soit tu vends, soit tu paies ton joint.
D'un côté c'est les bénefs, de l'autre les TIG
Ou la taule pour quelques piges,
Dans ces villes-dortoirs cœur du litige,
Où on est tiré du sommeil par la faim.
Comment veux-tu qu'on ne pense pas qu'à l'oseille à la fin ?
Putain, j'assiste aux combats de coqs
Qui troquent leur bec pour un "brolic",
Tous au chômage chronique,
Tous malades parce que par la racine la fleur pue,
Alors on se soigne à la médecine douce et à l'herbe pure.

Peux-tu entendre le silence de ma rue ?

Proche de la fin, j'ai bientôt noirci mes feuilles blanches
Et vu que le fruit se décompose, faut que je m'accroche à la branche,
Pas à ta blanche poudre ;
Tu serais content de voir mes cellules se parfumer à la soude
Ou mon cerveau dans un dé à coudre.
Tout pour me dissoudre, putain de trottoir,
Jamais trop tard pour trouver de l'alcool dans ce dépotoir.
Faut croire que le poison se plait dans nos quartiers
Vu que c'est le seul à pouvoir circuler sans papiers.
Et quand c'est pas derrière les barreaux, c'est des gosses à l'hosto,
A police musclée correspond contrôle costaud.
Hostile parce que jamais tranquille
Puisqu'ils nous veulent morts ou entièrement dociles.
"Un pour tous, tous pourri", c'est leur nouvelle devise
Donc t'étonnes pas si personne te sourit.
Incompatible avec tes lois comme tes règlements,
Comme ces putains de décrets que j'arrose d'excréments,
Extrêmement dur dans mes textes comme sur le pavé,
S'ils savaient ce que je ferais si j'étais pété de thunes.
Quand j'ai la plume gavée, faut surtout pas que tu me pousses,
Avec cette rancune née sur le bitume, je les encule tous.

Peux-tu entendre le silence de ma rue ?


On frappera
(Hamé - Philippe - Ekoué / Kool M - Soul G)

Avec nos fronts en fièvre,
Avec nos poings en grève
Et un vacarme d'armes à bâillonner
Les chiens de garde du palais,
Avec une étincelle frêle aux coins des lèvres
Sur une mare noire de kérosène,
Avec des plages pleines du sang séché de nos veines,
Avec un incendie au cœur et la mémoire de la sueur,
Avec le talon fier plein de poussière
Et la musique éclair du revolver,
Quand elle rythme la fuite des pitres
Sous les jupons de l'institution,
Avec des torches rallumées au lendemain des massacres,
Et puis, les vapeurs âcres qu'exhalent nos plans d'attaque
En bouillant dans le cloaque,
Avec un goût prononcé pour la poésie du fond des mines
Et un faible avéré pour la nitroglycérine,
Avec les plans du bâtiment
Plus les chiffres-clés des codes d'accès,
Avec le "rass", avec les dents, avec finesse, avec du temps,
Avec ou sans l'aide du ciel
Mais avec toi, lui et elle :

On frappera

Sur ma vie, sur ma tête, que les porcs restent à l'abri,
Je te rassure pour le bain de sang par terre,
Comme j'ai bien appris mes leçons de guerre,
Sur ta patrie on frappera, mes soldats en batterie.
Stratégiquement sur la SNCF
Quand, dans mes rangs, la haine s'élève
Pour effacer le sourire sur ses lèvres,
On frappera et on fera pas de prisonniers.
Que les volontaires viennent se désigner !
Y'aura plus de secours, plus de ligne de téléphone,
Sur les postes de police, poste et télécoms.
On frappera surtout sur la capitale,
Sur toutes ses fonctions vitales
Et on fera pas dans le détail.
Et on dansera sur les ruines de ces belles vitrines
et, à notre passage, tu pourras compter les victimes.
Barricades, barrages partout sur Paris,
Partout sur la ville que de la barbarie.
Reçus 5 sur 5, on tient le siège d'ici au palais de justice
Et, pour ces briseurs de rêves, y'aura pas d'armistice
Dans ces zones sinistrées,
Appelle tes militaires pour aider les "kisdés".

On frappera

Toujours la main sur le cœur pour palper l'acier
Dans la poche intérieure de mon bombardier,
On frappera même au sol
Pour un regard, une parole,
La sanction tombe sans discuter une plombe.
Pour ce genre de nègres qui,
Pour paraître plus intègre, se désintègre
- C'est le cas de le dire - pour embrasser le cul de la patronne,
Plus rien ne m'étonne.
Comme des merdes de chien et pour des miettes de pain,
On frappera, on fera la misère
Pour combler soit-disant notre absence de repères,
Pour qu'on en vienne à des méthodes à l'ancienne,
En pleine période de vache maigre
Pour qu'on nous lâche du blé, pour qu'on nous lèche les pieds,
Sous la menace d'un ou plusieurs colis suspects.
La douce France couche pour de l'oseille,
Et partout en Afrique je ferai courir le bouche-à-oreille.
On frappera, on forcera les serrures
Des portes blindées et cadenassées de la préfecture
Pour, qu'enfin, les "zinclars" en galère de papelards
S'offrent le plus beau des mariages blancs,
Pour ne rien laisser au hasard mais tout en bazar,
Juste pour crever l'écran.

On frappera


A les écouter tous
(Spécial Homicide - Sheryo - Le Téléphone Arabe
PhilipPe - Mourad - Ekoué - Hamé / Kool A aka Doc du Biz)

J'ai fait l'inventaire de mon aventure,
En déduis qu'ici c'est se taire derrière leurs devantures.
J'ai fait le tour de la question et les questions me tournent autour.
Chez des tarés, un parcours d'embrouilles
A 10 000 lieues du soleil, des tartares et des pourtours.
Et pourtant, par terre, autant d'entraves, trop peu d'entraide
Et, entre temps, la plupart des nôtres qui s'entretuent.
Mon constat est béant et aberrant, jeunes bandits apeurés,
Les yeux sous bandeau, prêts à pleurer.
A les écouter, on est tous du mauvais côté,
Du mauvais quota, "persona non grata"
Venus juste pour les gratter.
Ingrats, aigris et ratés, tas de re-nois et de ratons,
Immigrés à dénigrer et à mater sous le bâton.
Un baptême d'hématomes ayant pour thème
Amertume, blessures intimes et chrysanthèmes.
Deux êtres, un titre, deuxième chapitre,
Spécial Homicide, docteurs en lettres endoctrinant par litres.

J'accumule les frustrations,
Le stress et les sales pulsions à chaque pulsation,
Dans toutes les situations.
Je suis le coupable idéal, le suspect usuel,
Dans mon monde la répression n'a rien de virtuel.
On m'a demandé d'oublier qu'il y avait des champs de came à Paname
Mais je suis blessé dans mon ego et séquestré dans le ghetto.
Considéré comme un apprenti-terroriste
Ou un délinquant récidiviste par les journalistes.
A écouter des brêles, mes séquelles seraient irrémédiables
Et je ferai mieux de venir avec eux et les feu-keus prier le diable.
Les gars comme moi marchent avec des piles de cyanure
Et kiffent quand les racailles aussi commettent des bavures.
Foutre la merde dans un monde où les rapaces portent des costards
Et où les pauvres connes peuvent devenir des pop stars.
Je suis un cauchemar qui se propage comme une rumeur
Avec des textes qui font "reup" parce qu'ils parlent au peuple.

En grand un, retiens bien, c'est le Téléphone Arabe,
Et en putain de grand deux, je maîtrise chacune des mes syllabes.
Ma perfection provient d'un complexe, c'est sûr,
Faut croire que leur bavardages m'ont eu à l'usure.
Donc je les en remercie,
Même si c'est leur sale haleine française malodorante que je fuis,
Celle de générations nourries à la chair de truie,
Celle qui suit le bon vieux vent écorcheur d'ici,
Même en territoire ennemi.
A les écouter tous,
Ou à vouloir les ignorer, à les entendre tous,
Leurs pensées atteignent n'importe quel abruti,
Donc un être sans tourment qui n'est pas chez lui,
Ne vaut pas plus pour moi que l'un de ces stupides "gaolis".
Ce que t'appelles exotisme, je l'appelle terrorisme,
Parce que ce foutu couplet que t'ingurgites comme un délice,
C'est la merde la plus emmerdante et j'insiste.

Soit je rase les pelouses de leurs parterres,
Ou alors je dégage par charter,
Moi et mon sale caractère.
Paraît que je verse pas de larmes incolores quand c'est gore,
Et qu'on arbore un étendard à la tête de mort.
L'artillerie lourde est dans le coffre
Pour qu'on nous suspecte jusque dans nos strophes.
A les écouter tous, y'aurait de la haine dans nos chromosomes,
Si tu veux pas en être témoin, faut pas traîner dans notre zone.

A les écouter tous, je devrais offrir ma fierté en pâture,
Etre côté en bourse, augmenter la chair sur mon ossature.
Là où le mensonge règne, les grands pontes s'activent
Autour des machines à rêve.
Les moutons font plus que de la laine, bêlent dans la cour,
Prennent de la graisse au corps pour passer au four.
Trop sourds pour percevoir la hache sur l'affûtoir,
L'issue est simple, la fausse commune ou l'abattoir.

A les écouter tous, quand l'africain sort de sa brousse,
Soit il est plein de rancune, soit il en branle pas une.
Les "bwoys" poussent la parano
Jusqu'à extraire de l'anthrax dans ce morceau.
La double peine dort au coin de ma rue
Alors qu'un faux passeport coûte la peau du cul.
J'épouse cette funeste époque les yeux ouverts
Et garantis sur facture mes fournitures de guerre.

A les écouter tous, des gravats remuent dans nos estomacs,
Ceux d'une sale race de rats qu'on cultive en espace clos.
Ça fourmille, ça grouille et ça pille jusqu'aux entrailles de leur mère.
Qu'on nous donne une vache à traire et on lui refile la peste,
Espèce de tache crasse, vicieuse et perfide !
Nos spermatozoïdes auraient frayé un chemin,
Au cœur de leurs campagnes,
Aux confins des vagins
De leurs filles et de leurs compagnes.

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